La cérémonie de sa mort voulait qu’elle s’effectue de la manière suivante : une dernière fois avant de mourir, elle voulait qu’il lui chante Cette chanson, que ses doigts soient entremêlés aux siens, que ses lèvres soient posées sur les siennes. Alors, seulement après, elle pourrait partir.
Durant les longues heures précédant sa lente agonie, elle demeurait figée dans un état semi comateux, bien que consciente et n’ayant pas encore rendu son dernier souffle.
Pendant que, dos à lui, il lui murmurait à l’oreille les paroles de Cette chanson, de sa voix douce et veloutée, elle sentait couler des larmes glacées tout le long de ses joues. Au bout de quelques instants, tout doucement, elle se retourna et vit son visage à juste quelques centimètres du sien. Lui aussi pleurait. Elle avança doucement ses longs doigts tremblants à son visage, et délicatement, effleura, essuya les larmes qui perlaient à ses yeux. Elle prit sa main dans la sienne et la serra, fort, fort. Ils restèrent ainsi jusqu’à, ce que, alors que cela faisait cinq minutes qu’il était entrain de déposer un long, un dernier baiser sur ses lèvres, lorsqu’il s’écarta de son visage il vit qu’elle avait rendu son dernier soupir, ses lèvres étaient encore entrouvertes, ses paupières à demi-closes, son souffle coupé. Alors il compris que c’était la fin et qu’il n’y avait désormais plus aucune raison qu’il ne reste en vie, lui aussi. Lentement, il se leva, se dirigea vers la salle de bains, ouvrit le placard à pharmacie et en sortit un petit flacon dans lequel se trouvaient des comprimés de cyanure. Il en prit un et porta le précieux poison de sa délivrance à sa bouche, l’avala, et avant qu’il ne rende lui aussi son dernier soupir, alla s’allonger auprès d’elle. Et c’est ainsi qu’ils moururent. D’une certaine manière, comme des Roméo et Juliette des temps modernes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire